
Procédure administrative contentieuse : Le juge des référés pourra se prononcer sur la requête en qualité de juge du principal
Publié le :
04/07/2023
04
juillet
juil.
07
2023
La Cour administrative d’appel de Toulouse a rappelé ce principe dans son arrêt n° 21TL01266 du 6 juin 2023, en considérant que :
« Eu égard à la nature de l’office attribué au juge des référés et sous réserve du cas où il apparaîtrait, compte tenu notamment des termes mêmes de l’ordonnance, qu’allant au-delà de ce qu’implique nécessairement cet office, il aurait préjugé l’issue du litige, la seule circonstance qu’un magistrat a statué sur une demande tendant à la suspension de l’exécution d’une décision administrative n’est pas par elle-même, de nature à faire obstacle à ce qu’il se prononce ultérieurement sur la requête en qualité de juge du principal ».
Ce principe avait été dégagé par le Conseil d’Etat dans son arrêt n° 265184 du 12 mai 2004. La haute juridiction y ajoutait qu’il « est toujours loisible à ce magistrat de s’abstenir de participer au jugement de la requête en annulation ou en réformation s’il estime en conscience devoir se déporter ».
Dans l’arrêt du 6 juin 2023, la Cour a donc vérifié que le juge des référés statuant au principal, n’avait pas préjugé de l’issue du litige.
Ainsi, la participation de ce magistrat au jugement au fond de l’affaire ne peut être regardée comme de nature à faire douter de l’impartialité de la formation de jugement.
Dans cette décision, la Cour administrative d’appel de Toulouse précise également qu’à l’appui d’une sanction disciplinaire, l’autorité territoriale peut produire des éléments de preuve postérieurement à la procédure disciplinaire.
Dans cette affaire, un agent communal avait fait l’objet d’une procédure disciplinaire. Il avait consulté son dossier le 7 janvier 2019. La procédure disciplinaire s’achevait par l’édiction d’un arrêté de révocation le 15 avril 2019, décision suspendue par le juge des référés, par une ordonnance du 24 mai 2019. L’autorité territoriale prononçait in fine une décision d’exclusion temporaire, le 3 juin 2019.
Pendant le temps de l’instance en référé suspension, la commune produisait de nouvelles attestations, en date des 14, 15 et 16 mai 2019. Ces attestations établies postérieurement à la procédure disciplinaire, n’étaient nécessairement pas intégrées au dossier disciplinaire de l’agent, consulté le 7 janvier 2019.
Si ces éléments pouvaient apparaître comme produits en cours d’instance en référé suspension, « pour les besoins de la cause », la Cour a considéré que :
« Si la commune de Montarnaud a produit de nouvelles attestations établies les 14, 15 et 16 mai 2019 par des agents communaux, l’épouse du maire et deux adjoints au maire, ces attestations se bornaient à relater de manière plus circonstanciée des faits dont M. B avait eu connaissance lors de la consultation de son dossier, sans faire état d’aucun élément nouveau. Contrairement à ce que persiste à soutenir M. B, ces éléments n’ont pas été repris dans les motifs de la décision attaquée. Par suite, le moyen tiré de la méconnaissance des droits de la défense doit être écarté ».
En effet, des attestations postérieures ne pourraient utilement soulever de nouveaux griefs, compte-tenu de l’effet de cristallisation du rapport disciplinaire antérieur.
Néanmoins, il est donc toujours possible de rendre le dossier plus convaincant, notamment dans le cadre d’une procédure en référé suspension, pour emporter la conviction du juge, en produisant de nouveaux éléments de preuve, si et seulement si ces derniers n’ont pas trait à des éléments nouveaux, mais qu’ils se bornent à illustrer les griefs déjà soulevés dans le rapport disciplinaire.
Cet article n'engage que son auteur.
Auteur

Thomas PORCHET
Avocat
1927 AVOCATS - Poitiers, Membres du Bureau, Membres du conseil d'administration
Saint-Benoît (86)
Historique
-
Procédure disciplinaire des médecins : Focus sur les demandes de renvoi d’audience
Publié le : 07/07/2023 07 juillet juil. 07 2023Collectivités / Contentieux / Tribunal administratif/ Procédure administrativeA l’issue de l’instruction du dossier par la chambre disciplinaire, les parties sont convoquées à une audience, pour présenter leurs observations orales....
-
Six mois : délai impératif pour dépôt de la déclaration de succession et règlement des droits
Publié le : 04/07/2023 04 juillet juil. 07 2023Particuliers / Famille / SuccessionsSur la décision du conseil constitutionnel, 1er juin 2023, N° 2023-1051 QPC 1- Les faits : ARRÊT DE LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE COMMERCIALE, FINANCI...
-
Procédure administrative contentieuse : Le juge des référés pourra se prononcer sur la requête en qualité de juge du principal
Publié le : 04/07/2023 04 juillet juil. 07 2023Collectivités / Contentieux / Tribunal administratif/ Procédure administrativeLa Cour administrative d’appel de Toulouse a rappelé ce principe dans son arrêt n° 21TL01266 du 6 juin 2023, en considérant que : « Eu égard à la nature d...
-
Vice caché de la chose vendue : rappel sur les conditions de la garantie
Publié le : 04/07/2023 04 juillet juil. 07 2023Particuliers / Consommation / Contrats de vente / PrêtsLa Cour de cassation a rappelé par un arrêt du 11 mai 2023 que, concernant les vices cachés, les juges du fond doivent non seulement rechercher si le défau...
-
Rémunération variable : l’atteinte de l’objectif entraîne le versement du bonus même en cas de départ du salarié avant la date de versement prévue
Publié le : 03/07/2023 03 juillet juil. 07 2023Entreprises / Ressources humaines / Salaires et avantagesSi une prime de rémunération variable permet de récompenser les salariés pour l’atteinte des objectifs préalablement fixés, les employeurs sont parfois ten...
-
Possibilité de saisir la juridiction administrative par courrier électronique avant de confirmer la requête via Télérecours ou un autre moyen de saisine
Publié le : 03/07/2023 03 juillet juil. 07 2023Collectivités / Contentieux / Tribunal administratif/ Procédure administrativeLe Conseil d’Etat a eu à se prononcer sur la validité d’une saisine du Tribunal administratif par courriel, confirmée par Télérecours Citoyens postérieurem...
-
Débaucher les salariés d’un concurrent : Attention à la concurrence déloyale !
Publié le : 30/06/2023 30 juin juin 06 2023Entreprises / Marketing et ventes / ConcurrencePar un arrêt du 13 avril 2023 (Cass. com., 13 avril 2023, n°22-12.808), la Cour de cassation a eu l’occasion de rappeler que le débauchage massif du person...